dimanche 29 juin 2008

AIR

Échappe, mon chéri ! Et sois comparable, toi,
à une gazelle ou à un faon de biche
sur des monts embaumés.
Le Cantique des Cantiques 8-14

Quand,
Au chant du rossignol, affleure la lumière,
ses plis horizontaux éveillent la vierge aux yeux clairs
lovée dans les plis défaits du vent.
Et la montagne enfin s’élève
sur les nuages blonds que la nuit abandonne
où s’endormaient jadis les égarés du rêve.
C’est, dans le jour naissant, la voix d’un virtuose
pour l’amour d’une reine !
Alors,
dans les voies enlacées d’une crête éphémère,
porté par le regard courbé de l’horizon
jusqu’au village des pommiers,
surgit le prétendant
ruisselant de la mer.
Et sur les cieux enfin libres de cendres froides,
tandis que brûle un air d’automne
au cœur des steppes,
enfouissant le soc, le prétendant se passe,
un à un et pour l’éternité,
palpitants,
Les Anneaux de la Fiancée !
GL 2007

Après EAU,et AIR, le troisième roman de la tétralogie Les Anneaux de la Fiancée

TERRE

paraîtra en septembre 2008

Savoir... ignorance

D'actualité... non ?
Jean Lurçat
La lutte du Savoir contre l'Ignorance
tapisserie Ateliers Tabard Aubusson
propriété Université Nancy 2 musée des Beaux-Arts Nancy cliché GL
En réponse préventive aux minauderies de Madame de l'Elysée !
***

jeudi 26 juin 2008

LA VOIX... esclavage (suite)

Pour nous faire oublier les douleurs d’une démocratie au dernier stade de l’évolution cancéreuse, on nous annonce à grand renfort d’action médiatique une dose massive d’antalgique-soporifique conçu dans les studios du Palais présidentiel. L’anesthésie sera, paraît-il efficace. Longues seront les files de désespérés souffrants (habitués à la patience par les « soldes » à répétition) sur les trottoirs de marchands de disques !
Grâce à LA VOIX de son maître (dans la ligne mélodique et spirituelle de Soeur Sourire), plus paisible et langoureux sera l’été, plus éthéré l’automne social, plus douce sera… la fin !
Qu’en penses-tu, Brel ? Qu’en dis-tu, Ferré (je te garde encore un peu sur ce blog) ? Et toi, cher vieil Hugo ?
Que pensez-vous de cette scie qui attaque la branche sur laquelle nous sommes tous assis ?

ESCLAVAGE... suite

Poursuivons, si vous le voulez bien (vos réactions prouvent que vous le souhaitez), notre réflexion à propos de l’esclavage, qu’il soit d’hier ou d’aujourd’hui !
Dans son Épître à Tite (2 9-10) saint Paul écrit :

Que les esclaves soient soumis à leurs maîtres en toutes choses ; qu’ils se rendent agréables en évitant de les contredire, et en ne commettant aucun détournement. Qu’ils fassent continuellement preuve d’une parfaite fidélité ; ainsi feront-ils honneur en tout à la doctrine de Dieu notre Sauveur.




Mais, dans son Livre du Peuple, Hugues-Félicité Robert de Lamennais, prêtre, emprisonné par la monarchie, condamné par son Église, écrit en 1838 :
Tu dis : J’ai froid ; et pour réchauffer tes membres amaigris, on les étreint de triples liens de fer.
Tu dis : J’ai faim ; et on te répond : Mange les miettes balayées de nos salles de festin.
Tu dis : J’ai soif ; et on te répond : Bois tes larmes.
Tu succombes sous le labeur, et tes maîtres s’en réjouissent ; ils appellent tes fatigues et ton épuisement le frein nécessaire du travail.
Tu te plains de ne pouvoir cultiver ton esprit, développer ton intelligence ; et tes dominateurs disent : C’est bien ! Il faut que le peuple soit abruti pour être gouvernable.
(…)
Tous les hommes naissent égaux, et par conséquent indépendants les uns des autres : nul, en venant au monde, n’apporte avec soi le droit de commander.

À la lumière de ces textes, que penser…
-de la nomination future du patron de la radio-télévision publique par… le gouvernement, donc… l’Élysée ?
-du refus de remboursement de soins aux malades de longue durée par la Sécurité sociale envisagé ( !?!) par le Ministère ?
-de la construction-gestion des prisons confiée à une entreprise privée proche du pouvoir ?
-du Bac attribué à 80% d’une classe d’âge, et des suppressions de moyens à l’enseignement public ?
-de l’ « autonomie » des universités ?
-de l’ « indépendance de la justice » avec un Président de la République également Président du Conseil supérieur de la magistrature ?
-des humains titulaires d’un emploi dans notre pays, reconduits chez eux pour « situation irrégulière » tandis que leur « patron » jouit d’une impunité totale ?
-…

Oui… saint Paul et Lamennais : deux fils d’un même « Père » !
Deux visions de notre société.
Méditons, pour… l’action !

portraits
saint Paul Rembrandt 1635 musée du Louvre
Lamennais Paulin Guérin 1826 musée du château de Versailles
clichés GL

mardi 24 juin 2008

ESCLAVAGE...

Texte offert à la méditation de Madame Laurence Parisot, de ses amis Noël Forgeard, Gautier-Sauvagnac, Thiérry Desmarest... et autres Icare dont la plongée est garantie par... un parachute doré prélevé sur les salaires de leurs serfs et les moyens de survie de leurs contemporains !
L'esclavage proprement dit est l'établissement d'un droit qui rend un homme tellement propre à un autre homme, qu'il est le maître de sa vie et de ses biens. Il n'est pas bon par sa nature : il n'est utile ni au maître, ni à l'esclave ; à celui-ci parce qu'il ne peut rien faire par vertu ; à celui-là, parce qu'il contracte avec ses esclaves toutes sortes de mauvaises habitudes, qu'il s'accoutume insensiblement à manquer à toutes les vertus morales, qu'il devient fier, prompt, dur, colère, voluptueux, cruel...
Montesquieu De l'Esprit des lois livre XV chap. 1er De l'esclavage civil
photo fotosearch

mercredi 18 juin 2008

Europe et... THON !


Décidément, il faut être blindé pour être encore Français et… Européen !
A chaque crise ou situation intérieure insupportable pour les citoyens-consommateurs (dépenses publiques incontrôlables, TVA restauration, déséquilibre budgétaire, prix du carburant à la pompe, disparition des aigles pyrénéens…), les grands responsables administratifs et politiques hurlent contre cette Europe qui nous contraint, nous pousse à la faute, nous empêche de vivre une vie saine et agréable ! Peut-être est-ce même cette redoutable Europe qui a collé au gazon les godasses de nos spécialistes de l’intelligence des pieds, l’autre soir face à l’Italie, et imposé sa sélection boiteuse au pauvre intello de bazar futur jeune marié Domenech !
Aujourd’hui, c’est la vision barniérisée de la pêche au thon rouge en Méditerranée qui met l’Europe et sa commission de Bruxelles au ban de la société française.
A force de surpêche, il est en voie de disparition, ce thon rouge. Toutes les observations le confirment. Sauf celles des pêcheurs qui prétendent que notre mer mère d’Union regorge encore de ces poissons si recherchés, non seulement par les gourmets irrespectueux de chez nous, mais encore par ceux de Russie, du Japon, et autres lieux (presque aussi noirs !). Nous fonctionnons actuellement non plus sur un stock naturel raisonnable, mais sur la réserve vitale ! D’où la décision de la Commission européenne de limiter la pêche, au grand désespoir de ses professionnels.
Alors, parce qu’il est plus facile de crier aux pêcheurs "c’est pas moi, c’est l’autre ! ", notre ministre Michel Barnier parcourt les salles de presse et les quais de ports en hurlant "Bruxelles ment ! Il y a encore du thon dans la mer et de beaux jours à venir pour nos pêcheurs ! Bruxelles ment !"
Politique de cour de récréation d’école maternelle !
Le courage politique de Michel Barnier n’a jamais crevé les écrans ni les feuilles de presse ! Mais là, en matière de veulerie, les records sont battus !
Selon lui, c’est donc l’Europe qui nous empêche de faire des ronds dans l’eau avec des filets meurtriers, l’Europe qui tripatouille les données scientifiques, l’Europe qui a incité les pêcheurs à se suréquiper, l’Europe qui affame leurs familles ! Cette Europe menteuse qui en veut à une France pourtant si respectueuse (respect tueuse ?) de l’environnement… pour preuve sa gestion du dossier OGM !
Comment, dans ces conditions, croire encore à cette Union Européenne seule capable de tenir tête aux Etats-Unis, de tenir à meilleures règles internationales la Chine et la Russie, de limiter les dégâts de la mondialisation, de faire progresser la vision sociale d’une humanité travailleuse si malmenée par un patronat international tout puissant ?
Avec sa politique thonière de garnement "c’est pas moi, c’est l’autre ! " Michel Barnier, aux seules fins de dissimulation de son manque de courage politique, piétine ce drapeau si difficilement dessiné par nos pères et annonce d’autres votes tout aussi dévastateurs (au grand bonheur des Etats-Unis et de l’OTAN) que le referendum français d’il y a quelques mois, et que celui, très récent de l’Irlande !
Un peu de dignité ne nuit à personne, Monsieur le Ministre ! Il devient urgent, de cesser de confondre pêche au thon et pêche aux… voix !
Sinon la prochaine présidence européenne française pourrait bien devenir à nos dépens un spectaculaire numéro de cascade ratée !
Déjà qu’elle s'annonce comme un pitoyable exercice de funambule !
photo fotosearch

samedi 14 juin 2008

LIVRE


Les Irlandais nous ayant montré qu'ils préféraient une Europe des peuples à celle des technocrates de Bruxelles soutenue par l'autre, celle des princes de la cour de Strasbourg...
Les hommes bleus ayant prouvé une fois de plus qu'ils préfèrent la piste aux étoiles à la pelouse d'un stade...
Intéressons-nous (si vous le voulez bien) au livre qui vient d'être menacé par une modification de la "loi Lang" proposée par le député Nouveau Centre Jean Dionis du Séjour (d'Agen du lot-et-Garonne).
Je viens de confier à son blog (www.jeandionis.com/blog) le mot suivant que je vous propose de partager :

"Bonjour,
Mille et une excuses d'entrer aussi tardivement dans un débat aussi ardemment alimenté depuis plusieurs semaines. Mais je le fais aujourd'hui, l'amendement fondé sur une argumentation fantaisiste ayant été fort heureusement repoussé, pour signaler que tout a été dit par des acteurs de la chaîne du livre (ou presque tous) sauf par... les auteurs !
Aucun auteur sur ce forum (Monsieur Debord s'exprimant plutôt en sa qualité d'éditeur me semble-t-il). Aucun de celles et ceux qui sont à l'origine de la création littéraire ! Sans l'auteur... pas de livre, donc pas d'éditeur, pas de diffuseur-distributeur, pas de libraire, pas d'économie du livre, pas de loi, ni d'amendement !
Aviez-vous consulté les représentants des auteurs, Monsieur le Député ? Et vous, tous les acteurs précités, quel cas faites-vous de ces femmes et hommes qui vous confient leur texte en espérant être traités un peu humainement, de ces femmes et hommes délaissés au profit exclusif de locomotives produites par le système marchand, condamnés souvent, pour survivre, à écrire les livres que signeront des politiques incapables de mettre en ordre leurs hypothétiques idées et maîtriser leur propre langue ?
Quand verra-t-on, dans les salons et librairies, un rayon ou un espace réservé aux "LIVRE ECRIT PAR SON AUTEUR" ? Parce qu'il serait, à l'évidence, de dimensions réduites, il ne coûterait pas une fortune !
Quand, Monsieur le député, un projet de loi sur la traçabilité du produit publié ? On l'exige bien de l'entrecôte !
La protection de l'auteur véritable du livre, celle aussi du consommateur-lecteur, valent bien celle de l'amateur d'andouille !
Quand ?"
photo GL

mercredi 11 juin 2008

Sion... crépuscule

Loin des préoccupations quotidiennes, du prix du baril, et... des stades :



La Colline Inspirée et... paisible,
un soir de février dernier.
acrylique et huile sur toile GL 24 02 2008

mardi 10 juin 2008

FOOT...

Conseil...
veuillez lancer la musique juste après (seulement après) la lecture de ce billet,
les yeux posés sur... ces admirables pieds !

En bleu, en blanc et en rouge, ils étaient tous là, sur le terrain pour les uns, dans les gradins pour les autres, devant leur poste de télé pour celles et ceux qui, trop loin par la distance, le porte-monnaie, le boulot ou la santé n’avaient pu quitter leur fauteuil.
Où qu’ils soient, dans l’ambiance de trompettes ou assourdis par la traditionnelle alpenhorn, gavés de bière, la part de pizza ou la bouchée prédigérée de hamburger à la main, en famille ou en horde mâle, ils ont eu droit à un spectacle affligeant.
Cette équipe de mal rasés, que d’aucuns nous présentent comme une assemblée bouffie de Pléiades divines issues du Titan
Atlas et de l'Océanide Pléioné, intouchable et invincible, n’a pas su (ou pu) prendre son envol vers les espaces célestes promis par sa prétendue origine mythique.
Pourtant, elle avait été préparée dans des endroits divins, en hôtels étoilés implantés directement dans la voie lactée, au cœur d’un éden suisse (pléonasme ?) digne du paradis biblique, loin des fumées d’usine (mais dans celles de Havane) et d’une populace contenue militairement par l’armée du pays prétendu le plus neutre de la planète. Elle a tapé dans le ballon, fait ses entrechats, pas de deux, et numéros de pantins articulés sur un stade rural parcouru d’ondes positives, sous les yeux de quelques privilégiés seulement, devant les cailloux numériques d’organes de presse dont la seule mission est de rendre hommage aux financiers de l’opération (Coca, Mac Do, Suez…) en faisant croire au peuple qu’il vit là un moment … historique !
Invincible, la Pléiade étoilée, (parce que ...we are the Champions !) même si l’entraîneur porc-épic bredouillait d’avance la glorieuse incertitude du sport… déplorait la présence d’adversaires sur le terrain… soulignait l’intérêt, surtout, de participer, avant le plaisir de l’emporter ! Annoncer la quasi-défaite en avant première de l’improbable victoire : du grand art ! Lui, au moins, se donnait l’absolue certitude d’avoir fait la bonne prédiction !
ET… la montagne suisse accoucha... d’une souris !
Le paradis hôtelier de voie lactée, les effluves vivifiantes du lac Léman, l’épaisseur des tapis et moquettes du palace, les bagnoles de grand sport, les énergies tellurique et cosmique du stade rural, les petites cuillères d’argent, les massages de tous les organes et dans tous les sens, l’isolement monacal ( !?!), les rodomontades de supporteurs à bout de souffle, les roucoulades de présentateurs de lucarnes magiques, les fortunes astronomiques engagées (tirées, qu’on le veuille ou non de la poche du contribuable-consommateur), n’y ont rien fait ! Les Roumains à petits moyens, sortis de leurs chambres d’hôtes les yeux encore embués de doux sommeil helvétique, et roulés en autocar comme de vulgaires collégiens ont… tenu tête aux Dieux !
Insupportable révolution ? Crime de lèse-divinité ? Manque de correction d’une équipe de pays qui se demande encore s’il est en Europe (une Europe du ballon qui… curieusement, n’a pas eu besoin de referendum pour intégrer la Turquie !) ou… ailleurs ?
Juste retour des choses, au contraire! Simple rappel qu’il ne suffit pas d’avoir la plus grosse voiture pour être le plus fort, qu’il ne suffit pas de dépenser en une heure un siècle de salaire de sidérurgiste pour être invincible, que la fréquentation des palaces amollit la tête et les jambes, qu’il ne suffit pas de dire pour être !
Simple rappel que, pour réussir, il faut parfois… être sérieux, et… avoir faim !
Quand on connaît le travail quotidien (discret, loin des carnets de notes et des caméras), le courage, la détermination, les sacrifices, le renoncement à toute distraction, l’inébranlable volonté et l’abnégation des sportifs de très haut niveau dans tous les sports dignes de ce nom, et l’abandon total et chronique dont ils sont victimes, on se prend à se demander si les maîtres de l’intelligence des pieds (et leurs serviteurs) ne sont pas les plus mauvais exemples qu’une nation puisse donner à ses enfants !
"Une victoire des Bleus redonnerait le moral aux Français", entend–on en ce moment chez les philosophes de café du commerce !
Plus inquiétant que rassurant ! Une telle hypothétique victoire confirmerait, surtout et d’abord, en la masquant, la redoutable manipulation orchestrée par des marchands qui, en queue de pie ou jaquette, devant une partition écrite par et pour eux, mènent à la baguette le choeur de… nos élus !
C’est dos au public que le chef dirige ses exécutants !
C’est de la coulisse que règne le metteur en scène !
Prenons garde… nos champions de papier mâché suisse ne sont peut-être que… des lampions !

vendredi 6 juin 2008

Ils sont trop verts...

Le Renard et les Raisins
Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d'une peau vermeille.
Le galand en eut fait volontiers un repas;
Mais comme il n'y pouvait point atteindre:
«Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.»

Fit-il pas mieux que de se plaindre?

Jean de la Fontaine
Méditons ensemble...
si vous le voulez bien !
renard en Haute-Marne 12 07 photo GL - raisins photo fotosearch

mercredi 4 juin 2008

Le train et... l'escargot !

Excellent pédagogue, prévoyant, bien organisé, un instituteur (je devrais dire : un Professeur des Écoles, mais je dirai plus affectueusement le Maître) voyageait, l’autre jour, dans un train. Sur ses genoux, une boîte transparente garnie de feuilles de laitue que dévoraient à belle râpe… des escargots. Des Bourgogne, bien ronds, bien bruns, bien solides et vifs, destinés à la leçon de choses (je devrais dire : au cours des Sciences de la Vie et de la Terre) qu’il ne manquerait pas de donner à sa classe. Certains, toutes cornes dehors, dégustaient la salade ; d’autres traçaient des voies luisantes entre les feuilles ; d’autres enfin, repliés dans leur coquille, siestaient paisiblement en attendant le terminus. Le Maître, lui, dévorait en silence les morceaux d’un Canard que d’aucuns disent… enchaîné !

Surgit le contrôleur (je devrais dire : la contrôleuse). Casquette vissée sur le chignon, veste grise liserée de bleu serrée sur la poitrine, machine à trouer pendue au poignet, l’agente s’avance…
-Bonjour. Billet s’il vous plaît…
Le Maître plie les ailes du Canard, découvre le vivarium, se penche, fouille dans sa serviette…
-Qu’est-ce que c’est que ça ?
-Heu… des escargots… pour mes élèves ! Je suis instit…
-Des escargots ?
Retenant sa casquette de la main libre, de l’autre la sacoche, l’agente se penche, observe d’un œil pointu dans la boîte ventrue les Bourgogne dodus qui râpent, caracolent, et ronflent dans leur coquille en attendant le terminus …
-Des escargots !
-Oui… des escargots… pour mes élèves ! Nous allons étud…
-Vous avez un billet ?
-Oui… vous venez de le vérifier ! Voulez-vous le rev…
-Non ! Pas le vôtre ! Le leur !
- ???
-Comment ? Vous n’avez pas de billet pour eux ?
- ???
L’agente du train rétablit la position, rajuste la casquette, ouvre la sacoche d’un mouvement précis malgré un coup de tangage brutal de la voiture (c’est fou ce que ces professionnels ont le pied… ferroviaire ! pense le maître en attendant la suite. Comme les marins!). Il ose…
-C’est que, je ne pensais pas qu…
-Je suis obligée de verbaliser !
Autour, on tord le cou pour mieux entendre, on lève les fesses pour mieux voir… Quelque part, un téléphone portable joue la Marche de Sambre et Meuse.
-Verbaliser ? Pour ça ? Mais je n’occupe qu’une place… soyons raisonna…
-C’est le règlement, Monsieur. « Les animaux domestiques doivent s’acquitter d’un titre de transport ! »
L’agente a débité d’un trait, sans respirer, sans sourciller, sans tituber dans les cahots.
-Mais ce ne sont pas des animaux domest…
Trop tard ! Le billet était déjà fait, composté d’un coup de machine bracelet, la main tendue pour recevoir la monnaie !
Dans leur boîte, les Bourgogne râpaient, caracolaient, ronflaient dans leur coquille en attendant le terminus.
Le Maître redéploya les ailes du Canard. Mais la tête n’y était plus. Il dit tout de même au journal, à voix très basse, pour n’être entendu que de lui seul…
-Heureusement qu’elle ne t’a pas vu, toi !
Pour bien montrer que LA LOI, C’EST LA LOI, nom d’un chien (payant !), le soir même -les escargots ayant tout raconté à la presse dès l’arrivée au terminus- dans les étranges lucarnes du 20 heures, interrogé par l’homme-tronc de service, le chef national de l’agente du train, en costume trois pièces de banquier, badge SNCF au revers, fardé et poudré comme un meneur de revue, expliquait qu’il aurait agi de même, et qu’il félicitait son employée pour sa conscience professionnelle exemplaire !
À chemin de fer, poigne de fer !
Qu’on se le dise !


Depuis, terrorisés, les escargots fuient les voies ferrées… ventre à terre !
C’est que, chez les cheminots, on ne badine pas avec… l’humour !


photo escargot fotosearch

lundi 2 juin 2008

Sens... et vérité !


Les sens extérieurs, à proprement parler, ne nous trompent point. C’est notre sens interne qui nous fait trop souvent aller trop vite ; et cela se trouve aussi dans les bêtes, comme lorsqu’un chien aboie contre son image dans le miroir : car les bêtes ont des consécutions de perceptions qui imitent le raisonnement, et qui se trouvent aussi dans le sens interne des hommes, lorsqu’ils n’agissent qu’en empiriques. Mais les bêtes ne font rien qui nous oblige de croire qu’elles aient ce qui mérite d’être appelé proprement un raisonnement, comme j’ai montré ailleurs. Or lorsque l’entendement emploie et suit la fausse détermination du sens interne (comme lorsque le célèbre Galilée a cru que Saturne avait deux anses), il se trompe par le jugement qu’il fait des apparences, et il en infère plus qu’elles ne portent. Car les apparences des sens ne nous promettent pas absolument la vérité des choses, non plus que les songes.
Leibniz - Essais de Théodicée 65
image : A. RODIN Le Génie de la Lumière 1890 musée des Beaux-Arts Nancy photo GL

dimanche 1 juin 2008

Pause...


Beauté simple... paix...
pour le plaisir !
photo GL