mercredi 31 décembre 2014

Voeux républicains 2015




 





France, décembre 2014 : on meurt de faim dans les cités, pas… dans les palais nationaux !

France, décembre 2014 : on meurt de froid dans la rue, pas... dans les ministères !

France, décembre 2014 : on meurt par défaut de soins dans les campagnes, pas… dans les beaux arrondissements de la capitale !

France, décembre 2014 : les télévisions nous écœurent chaque jour de foie gras, de caviar et de truffes… tandis que les soixante-sept mille bénévoles des Restos du Cœur peinent encore à trouver des boîtes de sardines et de petits pois pour un million d’affamés issus des sept millions de malheureux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté !

Dans quelques heures, celles et ceux qui le peuvent sauteront au cou de leurs proches pour leur souhaiter une bonne année 2015.

Même le président « normal » de notre République malade sacrifiera à la tradition de la cérémonie des vœux. Avec des mots laborieusement choisis par des « serviteurs de l’État », il tentera d’endormir son peuple en lui chantant une berceuse lénifiante truffée de « je » monarchistes et de « e » incertains, tandis que son premier ministre annoncera d’une voix trop ferme pour être de « con-passion »  (c’est déjà fait !) une nouvelle année (voire trois !)  de sacrifices à ses « cons-patriotes ».

Le premier distribue les bonbons… le second les coups de bâton !

Comme en Lorraine, autrefois, quand passait dans les maisons le bon saint Nicolas aux jouets, suivi du père Fouettard aux verges !

Mais, en ce temps-là, l’un et l’autre avaient pour public… les enfants.

Serions-nous aujourd’hui assez infantilisés par les manipulateurs de marionnettes d’État pour que les deux plus hauts dirigeants de notre pays usent, pour nous tenter de nous séduire en nous préparant au pire, de cette stratégie d’hier destinée aux galopins cachés sous des mimiques d’enfants sages ?

Leur inquiétant pas de deux confirme une confortable entente de la « France du haut » sur le dos déjà cassé de la « France du bas ».

Au moins, sur cette stratégie, ils sont d’accord !

Alors, soyons d’accord, nous aussi, pour leur présenter ainsi qu’à leurs équipes de la promotion Voltaire et de quelques autres chapelles… les vœux que voici :

Que cette année 2015 vous soit une année de plus grande humilité, et de paroles plus vraies, donc plus rares, de plus grand respect de celles et ceux qui vous ont élus ou nommés, de plus grande conscience citoyenne, de plus grande conformité dans les comportements et l’action avec les valeurs de notre République tellement chères à nos anciens martyres de vos guerres que les valses de gerbes ou échos de discours devant des monuments -même sous une pluie battante- ne suffisent pas à honorer !

Que cette année 2015 vous permette de découvrir vos concitoyens, leur réalité de vie quotidienne -de survie trop souvent-, par une proximité réelle plutôt qu’en vous déguisant pour venir les renifler quelques heures durant, ainsi que l’ont fait récemment plusieurs parlementaires pour des clowneries télévisées !

Que cette année 2015 vous offre le temps de relire (lire ?) Victor Hugo, ce poème surtout qui invite à ouvrir une école plutôt qu’une prison (dans une politique carcérale devenue marché puisque confiée aujourd’hui au privé) :

Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.

Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne

Ne sont jamais allés à l’école une fois,

Et ne savent pas lire, et signent d’une croix !

Que cette année 2015 vous ouvre les yeux sur la vraie nature du grand patronat qui vous incite chaque jour davantage à prendre l’argent dans la poche du contribuable de base pour le glisser directement dans celles déjà bien garnies des actionnaires. On peut « aimer l’entreprise » et, justement parce qu’on l’aime, l’inviter à agir dans un cadre réglementaire républicain, à réinvestir en France plutôt qu’à engraisser les paradis fiscaux dont l’un, très proche, vient de donner à l’Union européenne, avec votre assentiment, son… président !

Que cette année 2015 vous aide à tourner vos regards vers l’Est plutôt que vers ces pays de l’Ouest qui se sont outrageusement baptisés « communauté internationale », ne respectent aucune règle d’humanité, qui exécutent dans la rue leur population noire, dans les écoles leurs enfants, qui vivent armés jusqu’aux dents (parce que le commerce des armes domestiques est aussi un commerce !), qui obésifient le monde, pratiquent l’emprisonnement sans jugement et la torture, qui, sous la menace de drones meurtriers veulent soumettre l’humanité à leur loi exclusive et vous entraînent (nous entraînent) dans des guerres redoutables à l’usage de leurs seuls intérêts. L’Europe se construit à l’Est, pas à l’Ouest, surtout pas sous la dictée de Washington qui sait acheter ses complices même dans nos rangs ! Nous citoyens de France et d’Europe méritons un meilleur modèle que celui-là !

Que cette année 2015 vous inspire des comportements et décisions capables de nous rendre fiers de vous, donc de notre pays ! Comment être fiers de notre qualité de Françaises et de Français si nous ne pouvons pas l’être de vous qui, grâce à la confiance que nous vous avons offerte par l’élection, incarnez ce pays que nous aimons ? La fierté se mérite. Vous ne devez jamais oublier que, sans cette fierté nécessaire, il nous est impossible de nous investir à fond dans la réussite collective tellement absente aujourd’hui !

Que cette année 2015 vous fasse perdre de vue, douze mois durant, l’élection de 2017, cet objectif imbécile qui vous empêche d’apercevoir l’horizon vers lequel nous devrions marcher ensemble. Rivés à cette échéance, vos yeux (comme ceux de vos serviteurs qui ajoutent leur cécité à la vôtre) sont devenus incapables de discerner les perspectives ouvertes qui, pourtant, existent. Un ancien Président a déjà lancé sa machine de guerre afin d’anéantir l’actuel qui s’agrippe à ses accoudoirs dorés pour résister à l’assaut.  Quel qu’il soit, le gagnant de cet affrontement partisan sur fond d’idéologies virtuelles, sera en réalité le perdant qui entraînera notre pays exsangue dans une chute plus vertigineuse encore !

Que cette année 2015 vous fasse prendre enfin conscience que, si vous jouez avec votre destin personnel (votre droit le plus élémentaire) votre position, de quelque obédience politique que vous soyez, votre rayonnement, votre maîtrise des rouages des pouvoirs, votre isolement dans une bulle en apesanteur chaque jour renforcé par vos cabinets, risque de transformer ce jeu personnel en une tragédie nationale, une victoire de la misère dont, cette fois, notre France aura du mal à se relever !

Que cette année 2015 vous suggère de relire et faire relire à vos équipes de collaboratrices et collaborateurs la belle devise de notre République LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE, de la répéter et faire répéter chaque matin dans tous les ministères, dans les salons du Parlement, dans les bureaux des Institutions, partout où elle semble avoir perdu de sa force, à voix haute, à la manière d’un mantra.

Alors, peut-être, sous les cendres des égoïsmes partisans, se réveillera… le CIVISME !

Belle et bonne année 2015.
Salut et Fraternité.


mercredi 10 décembre 2014

Loi Macron, et... ENA !



Il était une fois un service du personnel de grande entreprise industrielle française de l’aéronautique qui, devenu hégémonique, consacrait tout son temps et son énergie à se gérer lui-même. Au point de la mettre en péril, il avait oublié qu’il devait, d’abord, gérer l’entreprise elle-même, ses effectifs, conditions de travail, évolutions de carrière, lui permettre de produire dans les meilleurs conditions ce qui assurait son développement, donc sa survie ! En ce temps-là, dans ce secteur-là, on avait frisé la catastrophe !
Aujourd’hui, issue de l'Ecole nationale d'Administration (ENA), une élite autoproclamée reproduit cette redoutable dérive, d’autant plus redoutable qu’elle touche non plus une entreprise, (ce qui était déjà grave !) mais le pays tout entier.
C’est la France qui en est victime !
Ce ne sont pourtant pas les avertissements qui manquent !
Dimanche dernier, l’Aube devait remplacer le député François Barouin parti en retraite prématurée au Sénat. Dès la proclamation des résultats, les trois candidats (PS-UMP-FN) se sont chamaillés devant l’œil noir des caméras comme des garnements dans une cour de récréation d’école primaire à propos de leurs pourcentages de voix respectifs. Depuis, ils glaviotent dans tous les studios, développent à partir de ces pourcentages des stratégies de deuxième tour à faire pâlir les plus douteux marchands de tapis. Or le seul pourcentage qui mérite attention, c’est celui de l’abstention : 75 % !
Les trois quarts des électeurs n’ont pas voulu se compromettre dans une aventure qui n’est plus la leur ! Ils n’ont pas voulu choisir entre la peste, le choléra, et notre ebola, la fièvre hémorragique qui exsangue la France depuis maintenant quelques dizaines d’années. Ils n’ont pas voulu cautionner les manipulations politiciennes de gens qui n’ont pour tout objectif que leur accession -ou leur maintient- au pouvoir (de s’emplir les poches en pillant celles de citoyens de base !) Or personne ne veut retenir ce pourcentage terrifiant d’électeurs qui ont tourné le dos à la vie citoyenne : 75 % ! Et ce, dans un pays -le nôtre- qui donne chaque jour des leçons de démocratie au monde entier !
Le candidat socialiste a prévenu : « Ce qui se passe ici s’est déjà passé ailleurs, et se passera encore ! » Or, s’il avait été élu par 10 ou 15% du quart des électeurs inscrits, il se serait rengorgé de ce résultat témoin d’une « bonne santé démocratique » de sa circonscription. Comme toujours !
Hier, un service du personnel mettait en péril son entreprise…
Aujourd’hui, une promotion de l’Ecole Nationale d’Administration -la trop fameuse et mal nommée « Voltaire »- met en péril la France.
Et, parce qu’elle se rend compte, tout de même, que rien ne va plus, cette bande de « copains d’avant » fait appel à des clones plus jeunes pour réactiver ses neurones, le nouveau ministre des Finances en est un exemple.
Millionnaire de chez Rotschild, regard tourné en permanence vers l’ouest anglo-saxon, Monsieur Macron débarque à Bercy, s’installe dans le bureau d’un prédécesseur qui, à peine nommé commissaire européen, déclare irrecevable le budget national qu’il avait lui-même concocté, puis met en œuvre aussitôt ses réformes révolutionnaires dites « de gauche » : vente aux Chinois de l’aéroport de Toulouse (c'est fait !), travail du dimanche, révision des droits des salariés, privatisation des professions réglementées, remplacement des trains par des autobus privés (réouvrir les routes de diligences hippomobiles présenterait aussi deux avantages : respect de l'environnement -les chevaux dégageant moins de particules fines que le diesel-, production de crottin plus respectueux de la terre que les engrais chimiques)… Il laisse entendre que pourraient aussi être vendus à des privés les aéroports de Lyon et Nice. Pourquoi par Orly, Roissy, et le futur Notre-Dame-des-Landes ? Suggestion : pour rembourser ses dettes abyssales, la France pourrait vendre aussi à la Chine, au Qatar, ou à d’autres investisseurs internationaux, le Palais de l’Elysée, le Palais Bourbon, le Palais du Luxembourg, et bien d’autres monuments nationaux qui coûtent cher au contribuable. Nous pourrions les vendre garnis de leurs occupants habituels, parlementaires, élus de tout poil, et activistes des cabinets parlementaires et ministériels qui ruinent tellement les finances publiques ! Pourquoi pas, aussi, le château de Versailles si souvent occupé déjà par des créateurs de poupées gonflables et « maîtres de l’art contemporain » (sans la Lanterne indispensable au repos -entre deux voyages au bout du monde- de notre cher « Président normal ») ?
Faut-il être sorti d’une école qui s’autoqualifie « prestigieuse » pour avoir l’idée lumineuse de vendre les bijoux de famille à des aventuriers, à seule fin de rembourser les dettes de jeux de celles et ceux qui se nourrissent chaque jour davantage du travail des humbles ?
Car c’est bien de jeux qu’il s’agit !
Jeux partisans, jeux politiciens, jeux électoraux, toutes tendances confondues !
Anecdote édifiante :
Dans les années 2000-2004, en un temps où le nouveau ministre des Finances était étudiant à l’ENA/Strasbourg, en ma qualité de directeur du (entre autres) tourisme d’une compagnie consulaire départementale, j’ai été invité à recevoir dans les Vosges la promotion de cette « prestigieuse » école afin de lui faire découvrir les réalités économico-sociales d’une ferme française de montagne.
Il avait plu la veille…
A leur arrivée sur les lieux de la visite, après un coup d’œil dégoûté par la baie vitrée, les futurs « grands serviteurs de l’Etat » refusèrent de descendre des deux autobus qui les avaient transportés depuis Strasbourg. Leurs mocassins vernis n’auraient sans doute pas supporté la boue de la campagne vosgienne ! J’ai dû monter dans le premier autobus, raconter à ses brillants passagers -au micro- la vie dans cette ferme des paysans qui s’étaient mis en quatre pour les accueillir : conditions de travail, productions, nécessaire transformation sur place du lait en fromage, aléas dus à l’altitude et à l’accessibilité difficile des terres cultivables… Présentation terminée, j’ai dû passer dans le second autobus pour répéter mon discours. Tandis que je m’adressais à un groupe, l’autre faisait la sieste. Sur le seuil de la maison, de chaleureux mots de bienvenue dans la gorge, le paysan attendait les visiteurs, tandis que, à l’intérieur, sa femme et ses enfants mettaient la dernière main aux spécialités gastronomiques offertes à la dégustation de l’élite des « grands serviteurs de l’Etat » en herbe. Deuxième présentation terminée, j’ai quitté l’autobus dont les portes se sont refermées derrière moi.
Incrédule, le paysan m’avait rejoint sur le bord de la route.
Quelques minutes plus tard, les deux véhicules nous montraient leur cul.
Adieu veaux, vaches, cochons, couvée !
Le soir même, mocassins propres, tous les chers espoirs d’une France qui se croit encore républicaine avaient regagné leurs salons dorés de Strasbourg. Aucun n’avait posé un pied sur le sol d’une province boueuse indigne de leur exceptionnelle majesté.
Notre paysan, sa famille, leurs productions et offrandes du « terroir » les attendent toujours !
Le nouveau ministre des Finances était-ils de ceux-là ?
Nul n’ayant daigné se présenter -sauf votre serviteur-, je l’ignore.
Mais, en ce temps-là, il devait être dans ces parages-là !

75 % d’abstention, Mesdames et Messieurs les nouveaux princes de tous les horizons de la Cour. C’est plus qu’un désaveu. C’est un naufrage !
Si vous l’oubliez... nous, citoyens, saurons nous en souvenir !
Salut et Fraternité.
Image : couverture de Au Plaisir d'ENA - Gilles Laporte - 2001 - Ed. DGP Québec (photo Ch. Voegelé)